Intro-avertie

Coucou mes roseaux



J'espère que vous allez bien.
Je sais que la situation que nous vivons en ce moment est inédite. 
Etre forcé(e) de rester chez soi pour sa sécurité et celles des autres ! C'est vrai que l'idée de ne pas pouvoir sortir à cause d'une pandémie c'est un peu angoissant. Bon j'aurais préféré être confinée dans une maison avec jardin, on ne va pas se mentir mais je me sens chanceuse d'être chez moi en bonne santé avec mon fils en bonne santé également. Et je suis reconnaissante à toutes les personnes qui œuvrent pour que cela soit possible : les caissières, les livreurs et le personnel médical pour ne citer qu'eux. Mais à mon niveau, je n'ai pas de mal à rester chez moi.

J'aime être dans mon intérieur.

Et quand je dis intérieur je veux dire aussi bien chez moi, qu'à l'intérieur de moi.


Petite, mon père et surtout ma sœur ainée tous deux extravertis me titillaient sur ce point. Ma mère me consolais (j'ai compris plus tard qu'elle aussi était introvertie). J'avais l'impression de ne pas être normale. Plus ils me titillaient et plus je me refermais sur moi-même. Je préférais jouer toute seule dans notre chambre (je partageais ma chambre avec ma sœur ainée). Je préférais lire: je suis tombée en amour des livres en CE1 avec "Les deux moitiés de l'amitié" de Susan Morgenstern. J'inventais des histoires dans ma tête et je parlais toute seule (ma sœur me prenait pour une folle je parle au passé mais c'est sans doute toujours le cas). A l' école, à la récréation je préférais allez au CDI lire plutôt que de jouer avec les autres ou je me mettais au fond de la cour le plus loin possible des autres. Quand la maitresse ou le maitre m'interrogeais, je mettais 10 minutes à tourner ma phrase dans ma tête et selon le maitre ou la maitresse c'était plus ou moins bien perçu. Je n'aimais pas les appels téléphoniques. Quand le téléphone sonnait, je ne répondais pas. Parfois ma sœur me parlais, me posais les mêmes questions encore et encore : je lui répondais et à la fin, je finissais pas l'ignorer (cela avait le don de l'énerver). Je pouvais rester des heures sans parler.

Et en 5ème j'ai compris que je n'étais pas seule. 


C'est là que j'ai rencontré ma meilleure amie avec qui j'avais beaucoup de points communs. Et c'est aussi, à cette époque que j'ai commencé à écrire. Ces deux éléments ont fait que je ne suis devenue complètement folle. J'avais une amie à qui parler qui me comprenait et j'écrivais mes peurs et mes angoisses. Mais hormis cela dans ma vie de tous les jours, j'avais l'impression d' être "anormal".

Pendant longtemps (presque toute ma vie en fait), j'ai essayé de me "soigner", de suivre le mouvement, de faire comme les autres pour avoir l'air cool.  En d'autres termes, de faire comme "tous les jeunes de mon âge" : sortir en boite (j'adore la musique et danser mais pas la foule), prendre un verre dans des bars, aller au resto avec un groupe de 20 personnes, aller à des concerts. Mais ce n'était pas moi: je suivais, je me forçais, je faisais plaisir. Quand je sortais de boite, je me sentais déprimée et seule. Au restaurant, je n'ouvrais quasiment pas la bouche, du coup les gens me trouvaient bizarre ou hautaine. Les rares fois où je suis allée à un concert: je me suis évanouie. Je suis partie en vivre en Angleterre pendant mes années fac et cela m'a permis de travailler ma timide: j'ai fait l'effort d'aller vers les autres. Je voulais combattre ma timidité par le mal et cela a marché. Je suis beaucoup moins timide. Mais mon caractère d'intériorité n'a pas diminué. Les gens pensent souvent que je ne ressens rien mais en fait c'est tout le contraire. Je ressens 1000 choses à la minute mais je ne le dis tout simplement pas. On m'a souvent dit: que j'avais un "caractère de mec" (oui parce qu'une vraie fille cela parle tout le temps et que cela ressens pleins de choses). Dans mes relations amoureuses, je n'avais vraiment de soucis une fois en face à face (enfin le problème ne situait pas là en tout cas).  Chaque phrase était interprétée, analysée, disséquée. Donc ce n'est pas toujours simple.

Mais d'une manière générale, je me sentais épuisée (de faire autant d'efforts) et incomprise (car je pensais que tout le monde devait voir les efforts que moi je fournissaient et forcément j'étais frustrée de voir que personne ne le remarquais). Comment les autres pouvait-il me comprendre si je ne me comprenais pas moi-même? Comment pouvaient-ils me connaitre si à chaque fois je me forçais et je faisais semblant d'être quelqu'un.  J'ai réalisé que la normalité n'existait pas. Chacun a son caractère voilà tout.Il y a 4 ans, j'ai arrêté de faire plaisir, de me forcer, de faire semblant.

Maintenant, je le vis super bien. 


Cela fait un bien fou de se connaître et de s'accepter tel que l'on est. Un pote m'avait dit que j'étais un iceberg. Sur le coup, je n'avais pas compris. Il m'avait dit que je montrais qu'une partie de moi et que la partie la plus sympas et intéressante je la cachais. Dans sa bouche, cela sonnait comme un compliment et je l'ai pris tel quel. Sur tout ce que je ressens, je n'en dit ou n'en montre que 20%, le reste je le garde pour moi ou pour ceux qui ceux qui vont comprendre mon fonctionnement très intérieur. Je suis une intro-avertie. C'est-à-dire que je sais que j'intériorise beaucoup les choses. J'aime garder mon jardin secret préservé: c'est une manière de me protéger. Et comme je suis une intro-avertie, je sais que tout le monde n'a pas mon mode de fonctionnement et je suis tolérante avec le mode de fonctionnement des autres. Donc j'observe et j'analyse beaucoup mon interlocuteur (juste pour le comprendre son mode de fonctionnement général et non plus pour disséquer chaque phrase).
Mes relations avec mes proches sont à mon sens plus saines car je suis enfin moi-même mais elles sont plus distendues. Mon cercle d'amis actuel s'est considérablement réduit et je les vois un par un.

Je sais que je me sens mal à l'aise dans une groupe de plus de 5 personnes et que généralement je suis plus spectatrice parce que cela me demande trop d'énergie de suivre une conversation avec plusieurs interlocuteurs et en même temps d'y participer activement.
Pour autant, j'aime énormément avoir des conversations intimes en tête à tête: parler de philosophie, de livres, de cinéma, d'histoire (et là je peux parler pendant des heures).
J'ai besoin d'être seule régulièrement pour être sereine.
J'aime le calme : le bruit me stresse. 
Je préfère observer, écouter que parler.
J'ai plus de facilité à écrire qu'à parler.
Je n'aime pas me répéter (étant maman je prend beaucoup sur moi).
J'ai la manie de tout synthétiser : je suis hyper direct dans ma façon de m'exprimer. Je vais droit au but sans détour.
Aujourd'hui, il m'arrive de voir un appel entrant sur  mon portable et de ne pas répondre. Je ne réponds jamais aux appels masqués ou inconnus. J'aime bien prévoir les appels téléphoniques. 
Mon univers c'est le silence bien souvent je regarde les stories Instagram sans mettre le son du coup j'aime bien les sous-titres.
Je privilégie les activités calmes : lecture, dessins, regarder un bon film ou une série, faire une balade, dormir.

Je peux passer beaucoup de temps à rêvasser même si la vie que je mène (travail, etc.) ne m'en  laisse pas beaucoup le temps.

Et vous, vous êtes plutôt intro-averti(e) ou extra-averti(e) ?

J'ai hâte d'avoir vos retours sur mon article.

A bientôt


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